Solidaires : un congrès pour un syndicalisme de combat

Bulletin d’informations syndicales SUD Education Lorraine n°17 Octobre 2014 p. 3
mardi 14 octobre 2014
par  Sud Education Lorraine

D’après un article de C. Mouldi - Alternative Libertaire - Août 2014

La fédération SUD Éducation fait partie de l’Union Syndicale SOLIDAIRES qui regroupe les différents syndicats SUD (SUD PTT, SUD Rail...) au niveau interprofessionnel. SOLIDAIRES a tenu son sixième congrès national, du 2 au 5 juin 2014. Forte de 110 000 adhérents, l’union syndicale incarne un syndicalisme à la fois massif et de lutte de classes, crucial pour les combats à mener contre les capitalistes.

Cinq résolutions ont été débattues, amendées et approuvées   ; deux débats sans vote complétaient l’ordre du jour traitant au final de sept grands thèmes :

  1. la redistribution des richesses, la construction d’une société fondée sur des rapports sociaux égalitaires
  2. l’égalité entre les femmes et les hommes
  3. le maintien et le développement de la protection sociale
  4. la défense, l’extension et la démocratisation des services publics, la prise en compte de la santé au travail
  5. la socialisation des moyens de production, l’autogestion
  6. le renforcement de l’outil syndical.
La recherche du consensus

À l’inverse de certains courants politiques qui voient dans le syndicat un lieu d’affrontements où il faut systématiquement dégager des majorités et minorités par des votes, la recherche du consensus à l’œuvre dans SOLIDAIRES correspond à l’affirmation que c’est bien au sein du syndicat que se discutent et se décident les orientations, les revendications, les actions, etc., et à la volonté d’en faire le lieu où se rassemblent potentiellement tous les travailleurs et toutes les travailleuses, en tant que classe sociale autonome.

Développement

La question du développement pour Solidaires est cruciale aujourd’hui car c’est celle du changement d’échelle qui est posée. Indépendamment des positions défendues et de la présence ou non dans l’entreprise, la plupart des salarié-e-s connaissent CFDT, CGT ou FO ; il n’en n’est pas de même pour SOLIDAIRES (ni SUD). Pour un syndicalisme qui se revendique de l’action de classe et de masse, il est primordial de tenir les deux bouts : rester ferme sur la pratique, les revendications et les orientations, mais aussi se donner les moyens de gagner les luttes et de transformer la société en pesant dans les rapports de forces.

Un rééquilibrage entre « public » et « privé » s’est fait ces dernières années, notamment par un développement dans l’industrie, le commerce ou les transports urbains. Quasiment tous les secteurs d’activité sont désormais couverts, mais certains récemment et encore faiblement (l’intérim par exemple). Comme dans les autres organisations syndicales, il y a une réelle difficulté à ce que les structures professionnelles dégagent les moyens matériels ou en temps militant nécessaires à l’interprofessionnel.

La place particulière de SOLIDAIRES

La déclaration finale du congrès appelle à « rassembler dans la durée les organisations syndicales qui, avec leurs différences et leurs divergences parfois, ont comme point commun de se réclamer du syndicalisme de luttes et d’agir pour la transformation sociale, quand d’autres s’inscrivent pleinement dans le cadre du libéralisme ». Ce n’est pas le « syndicalisme rassemblé » (avec la CFDT) prôné par les responsables de la CGT et de la FSU, mais une ouverture vers l’ensemble des équipes syndicales qui assument l’affrontement de classes.

Au plan international, le congrès a validé le travail réalisé ces dernières années, marqué notamment par l’émergence du Réseau syndical international de solidarité et de luttes qui rassemble plus de soixante organisations syndicales d’Europe, des Amériques, ­d’Afrique et d’Asie. La CGT de l’État espagnol, CSP-Conlutas du Brésil et TIE-Allemagne qui, avec Solidaires, coordonnent les activités de ce réseau étaient représentées au congrès, ainsi que la récente confédération des syndicats autonomes d’Algérie (CGATA) et quelques structures professionnelles montrant la diversité du travail international dans Solidaires.

Socialisation, autogestion

Une des deux « tables-rondes » organisées durant le congrès portait sur ces thèmes. Le secrétariat national de Solidaires a indiqué qu’il s’agit ainsi de relancer réflexions et débats sur ces sujets dans l’organisation syndicale : pas entre « spécialistes », pas entre « nostalgiques », mais à la base, dans les sections, syndicats et unions locales. Pour cela, un effort est nécessaire en matière de réappropriation collective de textes, de positions, de bilans déjà connus ; mais ceci doit s’accompagner d’un travail concret sur les réalités d’aujourd’hui, à l’échelle de chaque entreprise, chaque service, chaque commune, sans méconnaître pour autant la mondialisation de la société. Les histoires et cultures différentes au sein de Solidaires s’illustrent aussi sur cette problématique, mais il y a une volonté commune de s’atteler à ce chantier et ce n’est pas rien qu’une organisation syndicale de 110 000 membres décide aujourd’hui de parler « autogestion, socialisation des moyens de production, collectivisation, nationalisation, etc. » !

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Entre un syndicalisme dont la radicalité est sans doute plus homogène mais les forces trop faibles pour peser efficacement sur la lutte sociale à l’échelle nationale, et un syndicalisme plus puissant mais dont la majorité accepte de se vendre au système politique et économique capitaliste, l’union syndicale SOLIDAIRES a indéniablement un rôle déterminant à jouer.


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