Le régime par capitalisation, un système récent ?

un vieux système inégalitaire !
samedi 18 janvier 2003
par  Sud Education Lorraine

Une autre analyse des attaques sur le système actuel de retraite consiste à
retracer l’évolution des systèmes de retraites depuis plus d’un siècle.
Autrefois, comme dans les pays pauvres, les personnes âgées travaillaient
jusqu’à leur mort, ou dépendaient de leurs enfants. Avec le besoin d’une
population industrielle formée à des techniques nécessitant de plus en plus
de qualifications, les patrons, aidés des Etats ont institué une couverture
sociale destinée à préserver la masse salariale ainsi qu’à la convaincre de
faire carrière dans une entreprise précise.
Cela explique notamment l’institution des retraites ouvrières dès la fin du
19ème siècle dans une Allemagne cherchant à devenir une grande nation
industrielle. Cela explique aussi le développement de la scolarisation
obligatoire dans les pays développés, ainsi que le prolongement des années
de scolarisation, et du développement des écoles techniques et autres écoles
primaires supérieures depuis la fin du 19ème siècle.

- Toutefois, la mise en place de la retraite par répartition est récente. Elle
ne date en effet que de 1945 ! Cette date marque l’avènement de la Sécurité
Sociale ; elle correspond également à la constitution la plus démocratique
qu’ait connu notre pays :
- droit pour tous à bénéficier d’un travail,
- d’un toit,
- d’une scolarisation,
- d’une pension pour vivre décemment.
Il est vrai
qu’en 1945, les hauts fonctionnaires du type Papon ou Mitterrand, tout comme
les patrons, n’avaient pas trop intérêt à se faire remarquer.

Avant que le système de répartition ne s’établisse, notre pays possédait un
type ancestral de retraites : la capitalisation, ou les fonds de pension !!
Le discours actuel officiel, qui se veut " moderne ", n’est donc qu’une
redite. Et les syndicalistes d’hier avaient déjà effectué une analyse lucide
de la capitalisation comme le montre par exemple cet extrait du compte-rendu
du congrès de la CGT, à Lyon, en 1901 :" (.) dans l’état actuel des choses,
il n’y a qu’un système possible : c’est celui de la répartition, et le
gouvernement n’en a pas voulu, il lui a préféré la capitalisation, parce qu’
il a en vue non de donner des retraites aux travailleurs, mais de se
procurer des ressources extra-budgétaires. "

En effet, la capitalisation
signifie la mise à disposition de sommes énormes pour la spéculation. Il est
évident que le mythe du placement lucratif reste tenace dans une société
capitaliste, mais nombre de travailleurs commencent à découvrir le pot aux
roses, comme les employés de France Télécom, ceux d’Enron, de Maxwell, etc.
Cette logique de la capitalisation doit aussi être analysée sous une
approche logique : les capitalistes qui critiquent tant le système de la
répartition veulent finalement avoir accès aux centaines de milliards que
signifierait l’instauration de la capitalisation.
Ce casse du siècle s’avère audacieux, et explique l’ardeur du discours anti
répartition, le lobbying des instances européennes et des bureaucraties
syndicales.
La capitalisation se doit d’être sinon parfaite (le désespoir des dépossédés
des faillites industrielles américaines ou britanniques ne peut guère être
caché), du moins la moins pire des solutions. La mise en place d’une loi,
soi-disant répressive à l’encontre des dirigeants ayant dissimulé les
chiffres des entreprises, décidée par le gouvernement américain, montre
ainsi la disparition des capitaux de centaines de milliers de travailleurs
et de retraités américains comme le fruit d’une malveillance répréhensible,
et non comme la conséquence logique du système capitaliste.

Le discours individualiste continue de plus belle à montrer le travailleur
responsable des choix de placement ainsi que de son avenir !!
Parallèlement, les économistes ne peuvent afficher les certitudes des années
de croissance passées. et il est un aveu fort intéressant de leur part : les
crises boursières sont cycliques, environ tous les 10 ans, elles permettent
d’assainir les marchés des excès spéculatifs.
Cette déclaration s’avère
intéressante car il convient alors d’expliquer aux travailleurs indécis
entre la répartition et la capitalisation que les quelques 40 années de
capitalisation nécessaires pour obtenir une retraite se verront secouées par
au moins 4 crises boursières !! Quel sera dans ces conditions l’employé
assez naïf pour confier ses économies aux agences boursicautrices
bénéficiant ou pas du label syndical " épargne salariale " ?