Petit compte rendu d’une réunion de directeurs d’école quelque part en Lorraine

mercredi 3 octobre 2012
par  Sud Education Lorraine

On nous parle de chiffres, de statistiques, à propos notamment des PPRE. « Un programme personnalisé de réussite éducative (PPRE) est un plan coordonné d’actions conçu pour répondre aux besoins d’un élève lorsqu’il apparaît qu’il risque de ne pas maîtriser les connaissances et les compétences du socle commun » dixit Eduscol. Chacun sait à quoi servent les PPRE, en élémentaire du moins : l’administration se couvre en pouvant opposer aux parents qu’elle ne reste pas les bras croisés devant les difficultés des élèves. Mais pour l’élève, cela ne sert pas à grand-chose. Pour l’enseignant, qui n’aura aucune aide extérieure pour aider ses élèves, il faut formaliser ce qui est fait, ce qui lui grapille un peu plus de temps sur du temps précieux : celui de la réflexion, celui de la recherche. Car enseigner, c’est chercher sans cesse comment faire, faire mieux, faire autrement...

Mais bon, là, c’est parti, on a droit à une avalanche de statistiques. Et je me rappelle que je n’avais pas répondu à cette enquête sur les PPRE, par manque de temps et/ou par mauvaise volonté peut être, et qu’au dernier moment, on m’a demandé de faire au mieux, en utilisant un outil statistique moderne et performant : la louche (si, si... je vous assure, on m’a dit « donne moi des chiffres qui ont l’air vraisemblables »...) Là-dessus, j’entends que « des facteurs de pondération » ont été appliqués sur les chiffres envoyés par les écoles. J’en discute avec quelques collègues qui m’avouent sans vergogne que eux, par contre, ont répondu consciencieusement à cette enquête, en remplissant bien toutes les cases, après une longue étude faite... à la louche. Super, cela fait donc une heure qu’on me parle de statistiques inutiles (le nombre de PPRE des écoles voisines m’important peu) à propos d’ une pratique inutile, tout cela provenant de chiffres « aléatoires » qui ont été « pondérés » pour que ça ressemble à quelque chose.

Par contre, rien sur l’apprentissage de l’abstraction, rien sur le statut de l’erreur ou de la correction à l’école, rien sur l’apprendre ensemble, la pertinence de l’argumentation, rien sur la motivation des équipes, bref, rien qui ne puisse faire progresser nos élèves.
S’en suit une autre volée de chiffres sur le niveau A1 en langue, tout aussi inutile puisque les collèges n’en tiennent absolument pas compte pour former les groupes de langue en 6ème. Même chose pour le niveau en natation, le taux de B2I validés, le taux d’AFPS, et que sais-je encore. Mais encore une fois, l’administration se gargarise de la moindre augmentation d’un taux. Le seul chiffre qui augmente de façon sûre, c’est le nombre d’enquêtes inutiles...

De plus en plus, on fait comme si, on fait semblant, et un immense fossé se creuse entre ceux qui font et ceux qui doivent faire faire. Le prescrit s’écarte de la réalité à la façon dont l’univers s’étend, et le grand écart devient de plus en plus difficile à faire.

Quand va-t-on dire : "STOP" ?

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