Encore une année difficile pour les professeurs stagiaires

Pages 4 et 5 du bulletin local Février 2013
samedi 9 février 2013
par  Sud Education Lorraine

Depuis la réforme de la mastérisation de 2010, qui a supprimé l’année de stage pour les lauréats aux concours, les nouveaux enseignants sont bombardés devant des élèves sans aucune formation pratique.
Vincent Peillon, s’est engagé à remettre sur pied une véritable formation initiale dans les deux ans à venir...

Pour 2012/2013, voici le dispositif transitoire de formation :







L’accueil (dernière semaine d’août) :

  • journées d’accueil à Metz par le recteur et les inspecteurs, rencontre avec les tuteurs, réunions disciplinaires et interdisciplinaires.
    • En réalité , les stagiaires apprennent courant août leur affectation (lieu et niveaux des classes) et ont d’autres préoccupations que d’écouter « la présentation de l’académie, les liens et supports numériques utiles... » : ils doivent préparer leurs premiers cours et pour beaucoup d’entre eux déménager. Tout cela en parfois une semaine...



L’accompagnement  :

  • Dans le 1er degré : En binôme avec un tuteur les deux premiers mois de l’année.
    • En réalité , certains ont été seuls devant une classe et ont dû se contenter de quelques visites de leur tuteur.
  • Dans le 2nd degré : Un tuteur à l’année.
    • En réalité , certains stagiaires n’ont pas eu de tuteurs pour débuter l’année.



La formation :

  • Pour le 2nd degré (enseignants, documentalistes et CPE) : Décharge de trois heures hebdomadaires pour se former.
    • En réalité , pas de remplaçants pour permettre aux profs stagiaires de partir en formation.
  • Une offre de formation complémentaire à distance sur internet destinée aux professeurs stagiaires (espaces ressources neopass@ction, forum..
    • En réalité , les stagiaires manquent déjà de temps, ce n’est pas pour en perdre sur internet.
  • ½ journée à une journée de formation par semaine.

Sans parler des autres difficultés à supporter par les stagiaires :

  • La consigne de ne confier que deux niveaux de classe aux débutants dans le 2nd degré et pas de CP dans le 1er degré est rarement respectée.
  • Obligation de valider les deux certifications complémentaires pour être titularisé : le C2i2e (Certificat informatique et internet de niveau 2 “enseignant”) et le CLES2 (Certificat de compétences en Langues de l’Enseignement Supérieur de niveau 2).
  • Il n’y a jamais eu autant de stagiaires licenciés : 6 % en septembre 2012 dont la moitié à l’issue de la 1ère année de stage au lieu de 2 % les autres années.

Témoignages de stagiaires dans notre académie :

« Je suis très heureuse d’être enfin enseignante mais je ne m’attendais pas à me sentir ... si mal préparée ».
« Je ne vais pas voir les formations en ligne sur néopass@action par manque de temps mais aussi parce que j’ai du mal à avoir du recul sur ce que je fais donc en avoir sur les autres… Pas facile ».
« Les formations disciplinaires sont utiles dans le sens où on échange beaucoup entre stagiaires, ça fait du bien par moment de voir qu’on n’est pas seul à ramer… Mais on n’en a pas eu assez ».
« Les ½ journées de formation interdisciplinaires ne sont pas inintéressantes mais honnêtement, pour moi, les dernières formations sont tombées en plein dans mes semaines très chargées de corrections, conseils de classe et réunions parents-profs, et donc j’ai eu des difficultés à tout gérer ».
« Mon tuteur n’avait pas eu de stagiaire depuis 10 ans et on a eu du mal à s’organiser tous les 2 en début d’année, car l’un comme l’autre on n’était pas très au point sur les rôles du tuteur ».
« Mes premiers mois ont été… compliqués. C’est très déstabilisant d’avoir fait 5 ans d’études avec un objectif bien précis et tant attendu, pour y arriver enfin et se sentir… perdu et mal formé pour ça. 15h de cours à préparer avec des heures étalées sur toute la semaine et les jeudis en formation (sur Nancy, Metz ou Lunéville..) : pour 3 classes de seconde, une de première S + 2 classes de MPS, de l’ACCPE et les TPE… Ben je n’ai pas le temps de m’ennuyer mais le problème c’est que l’on n’a aucun recul sur ce que l’on fait. On prépare des cours la semaine d’avant pour la semaine d’après, on se retrouve à faire des DS, noter les élèves, les sanctionner, leur faire avoir une démarche… sans avoir jamais eu de formation pour ça. Si, on nous en parle en formation cette année, mais ça arrive trop tard ! ».

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« Je ne sais pas comment faisaient les stagiaires de l’an dernier avec 18h… je n’aurais pas tenu je pense, parce qu’il y a eu des semaines où heureusement que j’étais soutenu parce que j’aurais pu tout arrêter ».
« Le problème dans tout ça, c’est le temps. Pas assez de temps pour préparer dans de bonnes conditions, pas de formation sur le métier en 5 ans de préparation à devenir prof, c’est scandaleux ! Et mon problème surtout c’est que je vois bien que certains de mes cours pourraient être bien mieux et que je veux faire très bien dès la première année, mais ce n’est pas possible. Mais je crois que ce sont les journées de formation qui m’ont mis dans cet état de stress, lorsque l’on nous dit tout ce qui doit être fait cette année et comment ça doit être fait, et que l’on sera évalué là-dessus lors de l’inspection… et bien par moments, c’est effrayant. Surtout que j’ai un ami qui redouble son année de stage cette année avec nous et que je me dis que je n’aimerais pas être dans sa situation ».

Et après ?

  • Les décrets sur les certifications CLES2 et C2i2e doivent être abrogés.
  • La mastérisation doit être abrogée : nous revendiquons le retour au recrutement à la licence et la délivrance d’un master à l’issue d’une formation en alternance sous statut de fonctionnaire stagiaire.